Mobilisation du 11 octobre 2025 : quand les associations disent « Ça ne tient plus ! »
Le 11 octobre 2025, partout en France, des milliers d’associations se lèveront pour crier d’une seule voix : « Ça ne tient plus ! » Cet appel, lancé par Le Mouvement associatif, ne relève ni d’un simple mot d’ordre, ni d’une revendication corporatiste. Il exprime une urgence sociale, économique et démocratique. Les associations, piliers silencieux de la…
Le 11 octobre 2025, partout en France, des milliers d’associations se lèveront pour crier d’une seule voix : « Ça ne tient plus ! » Cet appel, lancé par Le Mouvement associatif, ne relève ni d’un simple mot d’ordre, ni d’une revendication corporatiste. Il exprime une urgence sociale, économique et démocratique. Les associations, piliers silencieux de la vie collective, sont aujourd’hui au bord de la rupture. Elles assurent pourtant l’accès aux droits, à la culture, à l’éducation populaire, au sport, à la solidarité et à la participation citoyenne. Sans elles, notre démocratie perd ses relais humains.
Un secteur en crise profonde
La crise que traverse le monde associatif ne date pas d’hier, mais elle atteint aujourd’hui un point critique.
Les chiffres publiés en avril 2025 par le Mouvement associatif, Hexopée et le Réseau national des maisons des associations en témoignent :
• 31 % des associations employeuses n’ont plus que trois mois de trésorerie.
• Près de la moitié attendent encore le renouvellement de leurs subventions.
• 28 % ont déjà réduit leurs activités.
• Plus de 1 000 associations ont fait l’objet d’une procédure collective en 2024, deux fois plus qu’en 2022.
Les coupes budgétaires successives, la disparition des subventions pluriannuelles au profit d’appels à projets complexes, et la baisse des financements publics fragilisent tout un tissu vital pour la société. Selon le Conseil économique, social et environnemental (CESE), la part des subventions publiques dans le budget associatif est passée de 34 % en 2005 à 20 % en 2020. Ce recul structurel entraîne un glissement vers la précarité, même pour les associations historiques, solidement implantées
Une réalité visible sur le terrain
Dans nos villes, nos villages, les signes de fragilisation se multiplient :
des permanences qui ferment, des postes non remplacés, des activités suspendues, des bénévoles épuisés.
À Aubagne comme ailleurs, les associations de défense des droits, d’éducation, de solidarité, de culture populaire affrontent les mêmes obstacles : délais de paiement des subventions, hausses de coûts, perte de partenaires publics.
Pour beaucoup, le modèle économique n’est plus tenable.
Les petites structures, notamment, n’ont ni les moyens ni le temps de répondre aux appels à projets toujours plus techniques.
Elles doivent désormais justifier chaque euro, chaque action, dans une logique de rentabilité qui trahit leur mission : agir pour l’intérêt général, pas pour la performance comptable.
Cette transformation insidieuse, au nom de l’efficacité budgétaire, affaiblit la vitalité démocratique. Car une société sans associations vivantes, c’est une société sans contre-pouvoir, sans relais de solidarité, sans écoute des plus vulnérables.
Les associations, c’est le visage vivant de la République
Les associations ne sont pas une dépense ; elles sont un investissement citoyen.
Elles incarnent une forme de démocratie participative, ancrée dans le quotidien.
Elles rassemblent les habitants, construisent du lien social, redonnent confiance à ceux que les institutions oublient.
La Ligue des Droits de l’Homme, comme d’autres acteurs du monde associatif, tire la sonnette d’alarme depuis des mois.
Car derrière la crise financière, il y a un risque politique : l’affaiblissement de la société civile organisée.
Moins d’associations, c’est moins de voix pour défendre les droits, moins de vigilance citoyenne, moins de débat public.
Dans un contexte où les libertés associatives sont parfois attaquées, cette asphyxie financière devient un moyen de pression indirect. Elle restreint la capacité d’agir, d’interpeller, de contester. C’est pourquoi la mobilisation du 11 octobre dépasse le seul enjeu économique : elle est un acte démocratique.
Le 11 octobre : une journée pour alerter et rassembler
La journée du 11 octobre vise à rendre visible ce qui ne l’est plus : la réalité quotidienne des associations, leurs difficultés, mais aussi leur rôle irremplaçable. Sous toutes ses formes — manifestations, rassemblements, événements symboliques ou culturels — cette mobilisation se veut créative, solidaire et décentralisée.
Le mot d’ordre, « Ça ne tient plus ! », dit tout. Il exprime la lassitude d’un monde associatif qui s’épuise à maintenir le lien social sans moyens suffisants. Mais il exprime aussi une détermination à ne pas céder, à continuer de porter les valeurs de justice, de liberté, d’égalité et de dignité.
À travers toute la France, les associations appellent à un sursaut collectif :
• pour que les subventions cessent d’être une variable d’ajustement ;
• pour que la parole associative soit de nouveau écoutée ;
• pour que le financement de l’action citoyenne soit reconnu comme un pilier de la démocratie.
La Ligue des Droits de l’Homme, solidaire du mouvement
La LDH partage pleinement les constats et les revendications portés par cette mobilisation.
- Nos sections locales vivent elles aussi ces difficultés : baisse des aides publiques, complexification des procédures, désengagement progressif des collectivités.
- Nos combats pour les droits et les libertés ne peuvent se mener sans un environnement associatif vivant.
- Nos actions s’appuient sur des partenaires, des bénévoles, des lieux d’accueil, des réseaux solidaires.
Quand ces réseaux se fragilisent, c’est l’ensemble du tissu démocratique qui se déchire.
Participer à la mobilisation du 11 octobre, c’est défendre notre capacité à agir.
C’est refuser qu’un pan entier de la vie civique soit asphyxié au nom de la rigueur budgétaire.
C’est redire que la démocratie se nourrit d’engagements collectifs et que ces engagements doivent être soutenus, pas découragés.
Un cri d’alarme et d’espoir
Le 11 octobre ne sera pas une simple journée de protestation.
Ce sera un moment de conscience.
Un rappel que derrière chaque association, il y a des personnes, des projets, des convictions, une part du bien commun.
Si rien n’est fait, c’est un pan entier de la société française qui risque de s’effondrer dans le silence.
Mais si cette mobilisation rencontre l’écho qu’elle mérite, elle peut marquer un tournant : celui du réveil d’une société civile prête à défendre sa place dans la démocratie.
Le message est clair :
Pas un euro de moins pour les associations. Pas une voix de moins pour la démocratie.
Sources principales
• Enquête nationale sur la santé financière des associations, Mouvement associatif / RNMA / Hexopée, avril 2025.
• Avis du CESE, « Renforcer le financement des associations : une urgence démocratique », mai 2024.
• Fédération des acteurs de la solidarité, « Un quart des associations menacées de disparaître », février 2025.
• Le Mouvement associatif : canetientplus.org